Covid : épidémie de divorces

 les agences de rencontres connaissent un incroyable regain d’intérêt.
Publié le 19/04/2022

Covid : épidémie de divorces

 Juliette et Victor : enquête et décryptage. Covid, réseaux bidons ... Être seul et trouver des solutions fiables, c'est possible !


Si la pandémie a impacté nos existences en profondeur, nos vies amoureuses n’ont pas été épargnées. Moins de trois mois après le premier confinement, la fédération professionnelle des notaires notait déjà une augmentation de 25 % des divorces par rapport à l’année précédente. Sans compter les séparations et autres éclatements de couples. Véritable cataclysme sur le plan amoureux, la covid a eu raison de beaucoup d’âmes sœurs, au point que les agences de rencontres connaissent un incroyable regain d’intérêt.

Décryptage.

TEXTE AURÉLIA DEJOND

 

La Belgique a toujours été championne en matière de divorces et de séparations, avec un des taux les plus élevés d’Europe :

En 2019, un ado sur trois avait des parents divorcés*. Pas de quoi s’inquiéter pour autant, cela révélerait au contraire une gestion saine du couple, la famille étant de plus en plus une famille par choix. Un couple qui va mal attend moins que ses homologues européens pour prendre le taureau par les cornes et réagir, avec une répartition moins figée qu’auparavant : selon les derniers chiffres de l’étude*, 4 enfants sur 10 sont gardés par la maman, un seul chez le papa, l’autre moitié alterne entre les parents. Mais ces statistiques déjà élevées en termes d’éclatement des couples ont été revues à la hausse depuis l’arrivée de la pandémie dans nos vies quotidiennes.

Idem dans l’Hexagone  : selon un sondage effectué en mai 2020 par l’Ifop, 11 % des Français souhaitaient ainsi prendre des distances avec leur partenaire à l’issue de la période de confinement et 4 % prévoyaient même de rompre de manière définitive. Le sociologue Serge Guérin prédisait carrément un « divorce boom », plutôt qu’un futur « baby-boom ».

Partout dans le monde, la crise sanitaire semble avoir été un révélateur, voire un accélérateur des problèmes de couple, quelque soit sa longévité et la génération des partenaires : selon les derniers chiffres, un divorce sur deux se situe entre 36 et 50 ans et plus de 25 % entre 50 et 65 ans. Comme si le confinement et le télétravail avaient eu raison des sentiments de beaucoup.

Vivre en couple, un défi Pas si étonnant que ça, aux yeux des psychologues, sexologues et autres sociologues de la famille qui s’expriment depuis le début de la crise.

Pour Sophie Mercier, conseillère conjugale et familiale, la pandémie a davantage été un miroir grossissant sur des conflits larvés et autres incompatibilités, plutôt que la cause réelle des situations bancales, rappelant que vivre en couple reste un vrai défi. Et le contexte covidien n’est sans doute pas étranger à ce quotidien revisité où les repères et les normes se sont profondément métamorphosés. Confinement, télétravail, école à domicile, impossibilité d’aller à la salle de sport, au théâtre, au musée ou au cinéma, interdiction de sortir déjeuner ou dîner au restaurant avec un.e ami.e ou un.e collègue, problèmes financiers, manque de perspectives et difficultés de se projeter… le rapport à soi-même, à l’autre, voire à sa famille, a pris une toute autre tournure. Comme si être ensemble à huis clos nuisait à la santé amoureuse. « Dans le couple, un facteur important est le respect des libertés individuelles. La notion de territoire pose souvent problème. J’ai beaucoup aimé L’île des gauchers, d’Alexandre Jardin, qui explique que la maison idéale comporte un espace personnel pour chacun et un espace pour tous. La permission de l’isolement est importante. Pendant la pandémie, des couples et/ou des familles ont souffert de ce manque de liberté individuelle et de ressourcement personnel. Lorsqu’on est constamment confrontés à l’autre (aux autres) et à ses (leurs) besoin(s), il est difficile d’exister. Nous sommes dans une société individualiste et nous élevons nos enfants dans la liberté d’être. Cela doit aussi faire partie du couple et de la famille, avec une communication vraie et respectueuse, bien entendu. Beaucoup de nouveaux binômes décident d’ailleurs de ne pas vivre ensemble pour respecter cet isolement ressourçant et ne se retrouver que pour le meilleur, avec des projets de partage de moments, mais pas vraiment de quotidien, qui est plus souvent source de conflit. Être constamment dans la nécessité de tenir compte de l’autre ou des autres, dans les difficultés parfois, a tendance à tuer l’essence du couple, c’est-à-dire le plaisir d’être ensemble », remarque Sophie Mercier.

Un constat d’autant plus troublant que les statistiques montraient déjà que beaucoup se séparent après de longs moments passés ensemble, comme… les vacances, par exemple. Sans compter les couples séparés géographiquement par les confinements successifs ou tous ceux épuisés moralement par le stress lié à la pandémie, les pertes d’emploi, un pouvoir d’achat en berne, une charge mentale démultipliée et/ou la perte d’un proche. Le boom des agences de rencontres Mais les couples séparés depuis les débuts de la pandémie n’en ont pas moins envie de re-recontrer l’âme sœur pour autant. Les nouveaux célibataires semblent en effet déjà gonfler de manière conséquente les agences de rencontres, au même titre que les solos de plus longue date. De quoi faire passer le concept un peu has been des agences matrimoniales au rang de must en matière d’occasions amoureuses et de peut-être supplanter les fameuses applis de rencontres, graal de l’amour depuis une décennie ! Ce regain phénoménal post crise n’étonne pas Sophie Mercier. « L’isolement a pu renforcer le sentiment de solitude chez certains. Peut-être même la conscience de l’importance de la vie et qu’il n’y a plus une minute à perdre ?

La démarche vers une structure plus personnalisée, avec du coaching amoureux parfois, me semble adaptée. Les applis de rencontres, très plébiscitées un temps, drainent davantage de virtuel, même si elles répondent bien à l’envie de faire des connaissances et créent des opportunités très rapidement. Elles déçoivent aussi beaucoup, renforcent alors le sentiment d’échec de l’amour. Derrière un écran, la triche est parfois de mise. Je reçois beaucoup de témoignages concernant des déceptions lors de ces rencontres. La tendance est de se voir rapidement pour se découvrir dans la réalité. Il ne faut pas oublier qu’il y a énormément d’arnaques amoureuses en ligne », rappelle la conseillère conjugale. Et les dragueurs 2.0 de déchanter : le match parfait, promesse récurrente des applis, dont certaines vont jusqu’à géolocaliser votre future moitié en temps et en heure, est rarement convaincant. Pour d’autres, le frein existait déjà en amont. « Mettre ma photo m’était impossible. J’ai un poste élevé dans le secteur public, exposer ma vie privée aurait pu me pénaliser professionnellement », témoigne Louis, 58 ans, ravi que les agences de rencontres aient à nouveau le vent en poupe. « C’est moins gênant, plus discret et le service est réel ». Même son de cloche pour Olivier, 45 ans, haut fonctionnaire à la Commission européenne. « Mon mariage n’a pas résisté au premier confinement. Une grande amie à moi a rencontré son nouveau compagnon par l’intermédiaire de l’agence Atoutcoeurs (ndlr atoutcoeurs.com). Au début, j’étais dubitatif, ma gêne de demander l’aide d’un professionnel me bloquait, question d’orgueil…Et l’idée de payer pour rencontrer des femmes était un réel frein pour moi. Je me regardais dans la glace en me disant que j’étais incapable de séduire seul ou même de provoquer une première rencontre. Depuis la pandémie, j’ai décidé d’ouvrir les yeux, je ne vais pas trouver l’âme sœur au coin de la rue : les sorties se font très rares, les occasions amoureuses aussi. Draguer dans un bar, une boîte de nuit ou un club de sport serait pathétique. Bref, autant me donner un maximum de chances avec une agence qui ciblera au mieux mes souhaits. Sur les applis, je me sens mal à l’aise et peu confiant dans les profils qui se sur-vendent trop souvent. J’ai besoin de concret et de résultats, de rencontrer rapidement les candidates retenues ». Si la drague en ligne a parfois suffi à certains, il semble que l’ère covidienne pousse de plus en plus les âmes en peine à passer dans le réel dès que l’occasion se présente, pour être fixé au plus vite, ne pas perdre de temps et continuer en paix sa quête de l’autre.

Alors, ringardes, les applis de rencontres ?

Pour les célibataires « sérieux », la donne semble en tout cas changer de manière évidente. Des inscriptions en masse Les chiffres parlent d’eux-mêmes.

« Nous constatons trois fois plus de demandes qu’avant la pandémie. De là à dire que les agences vont supplanter les sites et applis, je ne pense pas, car il est plus facile de s’y inscrire que de faire le pas de venir en agence et payer une inscription. Tout dépend si la personne souhaite un dating d’un soir ou peut-être pour la vie  ! Nos clients commencent à se demander si les sites de rencontres, avec leur processus d’addiction calculé, ont un réel objectif de former des  couples. Depuis le confinement, les agences matrimoniales sont devenues très tendance pour les célibataires sérieux, qui veulent la discrétion et la sécurité de rencontrer des personnes bien réelles », explique Marie de Duve, à la tête de la célèbre agence de Valérie Dax, rebaptisée a2 by ValerieDax (a2rencontres.be, voir encadré), incontournable en Belgique. Spécialisée dans la rencontre personnalisée depuis 1970, l’enseigne a vu ses demandes exploser depuis la pandémie : 453 femmes (62 %) et 281 hommes (38 %) lors de notre interview en janvier dernier, contre 50/50 voici deux ans. Autre constat : les femmes franchissent aujourd’hui plus facilement les portes de l’agence, quant au taux de réussite, pour ceux qui prennent le temps, il est d’environ 80 %. La nouvelle patronne de l’agence constate un réel changement chez les célibataires, depuis l’apparition de la crise sanitaire. « Chez beaucoup, une baisse de moral, de confiance en eux. Les célibataires ont passé énormément de temps avec eux-mêmes et c’était très pesant. Ils ont appris à mieux se connaître, ont défini concrètement quel était leur idéal de vie, quels étaient leurs besoins, leurs attentes. Beaucoup réalisent que pour eux, la vie est mieux à deux. Les autres se rendent compte qu’ils sont très bien seuls. Pendant le confinement, certains célibataires, pour briser leur solitude, ont cherché le contact et de la reconnaissance derrière un écran. Le pouce usé par les swipes et le cœur en berne par des rendez-vous manqués…ils ont eu beaucoup d’échanges virtuels. Après être tombé amoureux par messages, lors du premier rendez-vous en vrai, face à face, tout tombe à l’eau. C’est là qu’ils se tournent de plus en plus vers notre agence. Ils veulent du serious dating. La Covid a très sérieusement motivé beaucoup de solo à se donner les moyens de faire connaissance avec des célibataires sérieux bien réels et plus si affinités, grâce à une agence. Ils cherchent une solution plus humaine pour faire des belles rencontres en faisant appel à des spécialistes en mise en relation ».

Coups de foudre vs coup d’un soir Car gare aux profils un peu trop beaux pour être vrais, sur beaucoup de sites et d’appli. « Hommes mariés qui se font passer pour des célibataires, personnes en recherche de relations physiques en faisant miroiter le grand amour, profils truqués pour amoindrir un âge, embellir une silhouette ou un métier…après un an sur Tinder, j’ai fini par me donner les moyens de faire une vraie belle rencontre, quitte à payer le prix fort », témoigne Alexia, attachée de presse dans un grand groupe international. À 49 ans, cette Parisienne expatriée à Bruxelles a vu son champ d’action diminuer depuis qu’elle télétravaille. « Réunions, team building, déjeuners pro, salle de sport ou yoga en entreprise…toutes ces opportunités sont tombées à l’eau. Le travail étant mon activité principale, comment dès lors trouver la possibilité de draguer ou d’être draguée ? », déplore celle qui avait rencontré son ex-compagnon lors d’une réunion de crise et son premier mari grâce à un déjeuner d’équipe. Et elle n’est pas un cas isolé. 14 % des couples se sont constitués sur le lieu de travail : le dernier sondage Ipsos (2018) précise que 12 % se sont rencontrés dans le cadre de leur vie professionnelle et 2 % dans un lieu lié au métier : « dans un séminaire, un salon, un colloque… qu’ils soient célibataires ou non. 11 % des personnes en couple ont en effet mis fin à leur relation après avoir rencontré quelqu’un d’autre dans le cadre professionnel ». Or, pandémie oblige, rencontrer l’âme sœur en télétravaillant et en ayant été contraint de réduire sa bulle sociale et ses loisirs, est devenu un défi de haut vol.

Selon une étude menée par Yugo en 2020, 61 % des Belges avaient augmenté leur temps passé en ligne et 16 % ont débuté des relations à distance, sans moyen de se rencontrer, dont la vraie nature était  souvent dissimulée par des discours montés de toutes pièces, mais qui en peu de temps, n’aboutissaient à rien de concret. Or, la vie en solo est un fait bien réel : en Région bruxelloise, 45,85 % des ménages sont composés d’une seule personne, contre 36,21 % en Région wallonne et 32,06 % en Région flamande.

En janvier 2021, sur 11.521.238 habitants, 2.270 800 étaient enregistrés sous l’état civil célibataires, soit 114.031 célibataires de plus qu’il y a 5 ans (Statbel/SPF Économie). Du pain béni pour les outils digitaux. « Les médias sociaux et les rencontres en ligne ont radicalement changé notre perception d’une relation. Les applications de rencontres en ligne ont une chose en commun : l’offre de célibataires est presque infinie. L’accent est mis sur la vitesse et l’apparence, sans se soucier réellement des personnes qui se cachent derrière leur profil. On est ici dans un univers superficiel où tout est permis…développer ses addictions sexuelles et consommer à outrance », déplore Annemieke Dubois, fondatrice de l’agence de rencontres Jade & Jules (jade-julie. com, voir plus bas et encadré). Et ce n’est ni nouveau, ni propre à la Belgique. Dans l’Hexagone, 31 % des Français étaient inscrits sur un site de rencontres en octobre 2020, contre 26 % en octobre 2018 (Ifop). Selon un sondage Ifop pour CAM4 Le Mag (2017), si plus d’un Parisien sur dix a rencontré son conjoint actuel sur un site ou une application de rencontres, c’est surtout un moyen pour multiplier les aventures et occasions d’un soir. L’Ifop précise que si ces sites contribuent encore peu à la formation des couples, ils constituent un moyen privilégié pour trouver rapidement un partenaire sexuel et sont un terrain de chasse idéal pour les adeptes des ‘ coups d’un soir ‘, au point que 25 % des Parisiens ont déjà divorcés, comme ceux de plus longue date, n’ont plus autant d’occasions de faire une vraie rencontre, même si les mesures sanitaires s’allègent : l’agence matrimoniale se profile comme un allié de taille, en ces temps compliqués pour l’amour. Profilage sur-mesure La période creuse qu’ont connue les agences matrimoniales, supplantées par Internet aux débuts des années 2000, semble donc définitivement révolue : jamais elles n’ont autant eu le vent en poupe ! Si les demandes augmentent, elles s’affinent aussi. Tendance qui existe également sur les applis et les sites avant elles. Souvenons-nous de ceux consacrés aux utilisateurs qui voici des années déjà, cherchaient à n’être en relation qu’avec des membres de leur « tribu ». Sites de rencontres pour végétariens ou vegan (meet-vegans.top), pour motards (rencontremotard.be) ou férus de randos ou de croisières (voyage-celibataire.be)… Une façon de se donner plus de chance de rencontrer quelqu’un avec qui on a des choses en commun, voire le besoin de ne pas faire couple avec un être qui ne nous ressemble pas. Exactement comme lorsque l’on se profile un maximum lors d’une inscription dans une agence dédiée à l’amour. « Rencontrer une personne qui partage les mêmes passions, c’est déjà accélérer un procédé, se donner plus de chances en sélectionnant les valeurs que l’on veut vivre et partager.  Ces sites et/ou applis semblent avoir du succès, et répondre à une attente, et quand ils sont payants, ils filtrent davantage aussi le public. Il semble y avoir plus de sérieux chez les personnes qui mettent un prix pour la rencontre », précise Sophie Mercier. Certains agences ont elles décidé de se spécialiser dans des à trouvé un partenaire avec qui coucher le premier soir sur un site ou une appli de rencontres. Selon le sondage, à peine plus d›un Parisien sur dix (11 %) déclare y avoir trouvé son conjoint actuel, contre 6 % des Français. Par rapport à la moyenne nationale, les couples parisiens se forment d’ailleurs aussi un peu plus lors des études ou sur le lieu de travail (35 % contre 30 % à l’échelle nationale), dans les bars (7 % contre 5 %) ou encore dans des lieux publics (6 % contre 4 %). Il faut dire que si une majorité des utilisateurs (63 % à Paris et 72 %  dans le reste de la France) disent y chercher une relation sérieuse, plus d’un tiers (37 % à Paris et 28 % dans le reste de la France) assurent ne vouloir qu’une aventure sans lendemain. Et l’écart est très genré : 53 % des utilisateurs masculins (42 % à l’échelle nationale) disent être ou s’être inscrits uniquement pour y trouver une relation d’un soir, alors que 82 % des utilisatrices parisiennes (86 % à l’échelle nationale) assurent y chercher une relation sérieuse. Le télétravail massif a donc sérieusement coupé l’herbe sous le pied à plus d’un solo en quête d’histoire d’amour, plutôt que d’une aventure légère…raison de plus pour oser se tourner vers une agence de rencontres, démarche semble-t-il beaucoup moins taboue qu’avant. « Au moins, je suis sûre de ne pas tomber sur un homme marié qui cherche à s’amuser en me faisant croire qu’il est libre et en quête de l’âme sœur », explique Claire, 42 ans. Son frère a connu cette déconvenue : « Je suis tombé amoureux fou. Cette histoire m’a porté pendant quatre mois, c’était la belle surprise de cette pandémie. Sauf que la Zoé dont je ne pouvais plus me passer était en fait en couple avec un bébé, elle s’ennuyait passablement et s’est inscrite sur une appli pour s’amuser. Je n’en suis toujours pas remis », raconte péniblement Antoine, 38 ans, qui ne confiera plus son célibat qu’à des professionnels de la rencontre.

« Les gens n’ont pas peur, c’est comme faire appel à un chasseur de têtes. Nous chassons les cœurs, même si je n’aime pas le terme chasser. Le regain d’intérêt envers le service humain est réel. Notre équipe est à l’écoute, nous prenons le relais et cherchons pour eux. La pression descend et ils sont plus à l’aise dans leur quête. L’Agence matrimoniale créée par Valérie Dax en 1970 a bien évolué depuis l’arrivée du digital. Il amène de nouveaux clients, qui ont épuisé leurs forces sur les sites et applications durant les confinements, une perte de temps et beaucoup de déceptions. Tous souhaitent s’engager, cela ne signifie pas se caser à tout prix ni chercher une relation plan-plan, mariage, maison, bébé …

Leur objectif est d’avoir une histoire qui dure et vécue pleinement. Une relation vraie de partage, de loisirs, de fun, d’émotions pour ensuite, si tout va bien, avoir des projets à deux », ajoute Marie de Duve. Et les célibataires fraîchement séparés ou  divorcés, comme ceux de plus longue date, n’ont plus autant d’occasions de faire une vraie rencontre, même si les mesures sanitaires s’allègent : l’agence matrimoniale se profile comme un allié de taille, en ces temps compliqués pour l’amour. Profilage sur-mesure La période creuse qu’ont connue les agences matrimoniales, supplantées par Internet aux débuts des années 2000, semble donc définitivement révolue : jamais elles n’ont autant eu le vent en poupe !

Si les demandes augmentent, elles s’affinent aussi. Tendance qui existe également sur les applis et les sites avant elles. Souvenons-nous de ceux consacrés aux utilisateurs qui voici des années déjà, cherchaient à n’être en relation qu’avec des membres de leur « tribu ». Sites de rencontres pour végétariens ou vegan (meet-vegans.top), pour motards (rencontremotard.be) ou férus de randos ou de croisières (voyage-celibataire.be)… Une façon de se donner plus de chance de rencontrer quelqu’un avec qui on a des choses en commun, voire le besoin de ne pas faire couple avec un être qui ne nous ressemble pas. Exactement comme lorsque l’on se profile un maximum lors d’une inscription dans une agence dédiée à l’amour. « Rencontrer une personne qui partage les mêmes passions, c’est déjà accélérer un procédé, se donner plus de chances en sélectionnant les valeurs que l’on veut vivre et partager.  Ces sites et/ou applis semblent avoir du succès, et répondre à une attente, et quand ils sont payants, ils filtrent davantage aussi le public. Il semble y avoir plus de sérieux chez les personnes qui mettent un prix pour la rencontre », précise Sophie Mercier.

Certaines agences ont-elles décidé de se spécialiser dans des  recherches très précises. C’est le cas de Jade & Jules : loin d’être une énième agence de rencontres, il s’agit bien d’un nouveau concept, personnalisé et unique, qui s’adresse aux hommes célibataires. Riche d’une longue expérience nationale et internationale dans le domaine du Personal Matchmaking et des ressources humaines, Annemieke Dubois, sa fondatrice, a réalisé que le besoin de relations vraies, de réelles connexions qui découlent sur l’amour véritable, n’avaient de cesse de croître. « Le retour aux fondamentaux, le partage d’intimité et la création de bases solides entre deux partenaires partageant les mêmes valeurs sont le ciment d’une relation durable. Mais en pratique, dans une société où les relations humaines profondes sont de plus en plus compliquées, où les réseaux sociaux ne jouent qu’un rôle d’intermédiaire, surfant sur les besoins et les attentes de chacun, il devenait urgent d’accompagner aujourd’hui ceux à la recherche de l’âme sœur. Confier ses relations amoureuses à une agence de rencontres est encore une étape difficile à franchir. Il en résulte une pénurie criante d’hommes célibataires qui n’ont pas encore osé faire le pas, dépités parfois par des initiatives personnelles et non accompagnées qui les ont déçus. Les femmes, quant à elles, n’y croient plus beaucoup. Elles ont fait quelques expériences malheureuses et ne font plus confiance », explique la fondatrice. Et c’est là que Jade & Jules intervient et place le client au cœur de toutes ses préoccupations. Annemieke rencontre des hommes à la recherche d’une partenaire de vie. « Je les vois plusieurs fois dans leur environnement, m’assure de leurs véritables intentions et dresse un profil de partenaires qui leur conviendraient le mieux. Mon expertise leur permet ensuite, grâce à ma compétence de Personal Matchmaker, d’identifier des femmes qui seraient potentiellement dans la même situation et où l’alchimie serait une évidence ». Concrètement, Annemieke et son équipe activent leurs réseaux de femmes célibataires, qui augmente de manière exponentielle. Elles ne sont pas inscrites dans une agence de rencontres, mais sont seules elles aussi et rêvent d’une vie à deux. « La confidentialité et la discrétion sont d’une importance capitale. Nous nous faisons fort de respecter la vie privée et de ne pas être intrusif. Les relations se construisent pas à pas. Concrètement, chaque rencontre avec un homme célibataire est constituée d’une approche sur-mesure, d’un entretien détaillé et d’une analyse approfondie. Les entretiens se déroulent idéalement à domicile où il est plus aisé de s’ouvrir sur soimême. On baisse les masques et on se livre. Une prise en charge de A à Z, jusqu’à la rencontre et son suivi ». Un service certes pas gratuit (7.000 € par an pour l’homme qui s’inscrit), mais qui plaît aussi bien aux célibataires endurcis qu’à ceux dont le couple n’a pas résisté à la pandémie et qui font le choix d’une vraie remise en question, avec en toile de fond la question lancinante de ce qu’ils attendent réellement de l’amour, si tant est que le deuil de la relation précédente soit réellement fait : les erreurs à ne pas recommencer, les souhaits profonds…

Chez a2 rencontres, Marie de Duve précise qu’il faut compter 1995 € pour une année, avec la possibilité de faire des pauses, si on n’a plus besoin de contacts quand une nouvelle relation est en train de naître. Si cette dernière n’aboutit pas, il est alors loisible de reprendre où on en était (par exemple, si l’on souhaite une pause d’un mois, on rajoute l’équivalent à la période d’abonnement).

Des applis au taquet Ce besoin exacerbé de contacts et plus si affinités a rapidement convaincu les applis de rencontres à s’adapter au plus près à un  quotidien constamment remis en question par des mesures sanitaires et autres états d’urgence différents, selon les pays. Match Group, qui édite plusieurs applications de rencontres dont Tinder, Meetic et OkCupid, a ainsi noté, dans sa lettre aux actionnaires (Letter to Shareholders, May 2020) une hausse de 27 % des messages envoyés pendant le mois d’avril 2020. Ce chiffre a même atteint jusqu’à 35 % chez les utilisateurs de moins de 30 ans. Cette augmentation notoire a été constatée dans tous les pays où ces applis sont actives… c’est-à-dire le monde entier. Un boom fulgurant notamment expliqué par quelques adaptations de taille et confirmé par une étude de l’Observatoire indépendant des sites internet (OISR), publiée le 12 janvier 2021. Pendant le confinement, Tinder a rendu gratuite son option passeport, qui permet à chaque utilisateur d’entrer en contact avec une personne de l’autre côté de la planète. Cela a permis la rencontre virtuelle de 175 millions de personnes. La fonction chat video a également explosé pendant la pandémie, à noter qu’elle est inexistante sur les sites consacrés aux sorties entre célibataires, par exemple (-70 % de fréquentation au mois de mars). Happn, l’application qui offre la possibilité aux utilisateurs de retrouver une personne qu’ils ont croisée dans la rue, a étendu son rayon de mise en relation de 250 mètres à 90 kilomètres ! Once, une appli qui permet un match par jour, a vu sa fréquentation augmenter de 35 % depuis le premier confinement, quant à Tinder, à la mi-mars, les conversations quotidiennes y ont progressé de 23 % et leur durée de 23 %, par rapport à fin février. Quant aux bons vieux sites, les plus impactés sont ceux qui ciblent les seniors : leur nombre d’utilisateurs a chuté de 75 % lors de la première partie du confinement de printemps. Ceux qui résistent le mieux sont les sites libertins (-20 % de perte de fréquentation au mois de mars quand même). Les applis semblent avoir définitivement relégué les sites au rang d’outils ringards, boostées par une créativité et des possibilités nouvelles et très ancrées dans l’ère du temps, au point de coller aux plus près aux impératifs de la crise sanitaire. Quant aux profils des utilisateurs, il est intéressant de noter qu’en juin 2021, 58 % des personnes inscrites admettaient ainsi rechercher « une personne avec qui flirter en ligne mais sans chercher à se rencontrer en vrai », contre 37 % en janvier 2020, selon l’ifop. Quant aux relations sexuelles virtuelles, elles sont elles aussi un pan de cette réalité sur fond de covid : entre l’instauration du 1er confinement en février 2020 et la sortie du 3e en mai 2021, le nombre de Français(es) ayant déjà eu un rapport sexuel virtuel a explosé dans l’ensemble de la population (de 33 % chez les adultes et 52 % chez les plus jeunes). L’amour, le vrai, reste pourtant le rêve de beaucoup et au bout du chemin !

Chez a2 rencontres, Marie De Duve évoque avec tendresse une femme et un homme qui ont très vite été en phase : « Un couple de joggers, durant le premier confinement… comme on ne pouvait se voir qu’en extérieur, ils sont allés courir pour leur premier rendez-vous. Ils sont tombés amoureux et ont eu un magnifique bébé. À cause du télétravail ? ».

Comme quoi, le mythe du prince charmant a encore de beaux jours devant lui ! *étude UCLouvain


« Donnez à ceux que vous aimez des ailes pour voler, des racines pour revenir, et des raisons de rester » © SHUTTERSTOCK Dalaï Lama     

5 applis de rencontres atypiques gratuites et disponibles sur Android et IOS


• Bumble Sa particularité : les femmes ont le pouvoir ! Elles sont seules habilitées à envoyer un premier message pour faire connaissance. 
• Hater Sa particularité : se baser sur tout ce qui nous horripile pour nous trouver l’âme sœur. L’appli profile ceux qui sont le plus en phase en fonction de nos opinions négatives sur différents sujets. 
• Lovoo Sa particularité : une fonction voyage pour pouvoir faire des rencontres pendant ses vacances, city-trips ou longs week-ends, pro ou non. 
• Reel Me Sa particularité : les rencontres se font directement en vidéo. Le profil de chaque utilisateur est interactif, il doit tourner une mini-séquence pour se présenter. Dès lors impossible de se réfugier sous un faux profil ou d’abuser de photoshop. 
• Once Sa particularité : c’est le programme qui sélectionne des prétendants potentiels à votre place, en se basant sur votre caractère, vos passions et vos centres d’intérêt, en fonction de votre profil. Vous avez 24 heures pour faire connaissance, l’unique rencontre possible durant ce délai.  

 

 

« Les femmes s’inscrivent plus facilement dans une agence de rencontres » ANNEMIEKE DUBOIS, FONDATRICE DE JADE & JULES « Les hommes hautement qualifiés recherchent une femme séduisante et féminine, avec une bonne dose d’humour et d’auto-leadership. Cette féminité et cette douceur sont très importantes, au même titre qu’une intelligence émotionnelle bien équilibrée. Les femmes ayant un certain statut social sont principalement en quête d’un partenaire avec qui elles sont en accord sur les plans intellectuel et émotionnel, une personne dynamique avec un esprit d’entreprise… elles ne sont pas prêtes à rester dans l’ombre. Elles veulent créer une équipe soudée tout en restant une vraie femme, aux côtés d’un homme solide. Comme les femmes montrent un peu plus facilement leurs vulnérabilités, elles s’inscrivent plus facilement dans une agence de rencontres. Il y a donc un déséquilibre flagrant : 70 % de femmes sont inscrites contre 30 % d’hommes. Les hommes ’ instruits ’ ont souvent du succès dans leurs affaires, un certain pouvoir. Ils ont des difficultés à mettre de côté leur égo et à franchir le cap. Ils craignent de rencontrer des femmes avides, à la recherche d’un statut »

« Je t’aime parce que tout l’univers a conspiré à me faire arriver jusqu’à toi » © FRANK PITTOORS Paulo Coelho   

 « Les femmes s’inscrivent plus facilement dans une agence de rencontres » ANNEMIEKE DUBOIS, FONDATRICE DE JADE & JULES « Les hommes hautement qualifiés recherchent une femme séduisante et féminine, avec une bonne dose d’humour et d’auto-leadership. Cette féminité et cette douceur sont très importantes, au même titre qu’une intelligence émotionnelle bien équilibrée. Les femmes ayant un certain statut social sont principalement en quête d’un partenaire avec qui elles sont en accord sur les plans intellectuel et émotionnel, une personne dynamique avec un esprit d’entreprise… elles ne sont pas prêtes à rester dans l’ombre. Elles veulent créer une équipe soudée tout en restant une vraie femme, aux côtés d’un homme solide. Comme les femmes montrent un peu plus facilement leurs vulnérabilités, elles s’inscrivent plus facilement dans une agence de rencontres. Il y a donc un déséquilibre flagrant : 70 % de femmes sont inscrites contre 30 % d’hommes. Les hommes ’ instruits ’ ont souvent du succès dans leurs affaires, un certain pouvoir. Ils ont des difficultés à mettre de côté leur égo et à franchir le cap. Ils craignent de rencontrer des femmes avides, à la recherche d’un statut »

 « Nous avons mis en place un service de love coaching » MARIE DE DUVE, CEO DE L’AGENCE A2RENCONTRES « Depuis la pandémie, je constate que les critères de recherche se sont affinés : une demande plus précise de profils ayant une vie et une alimentation saine, soucieux de la planète et d’un monde meilleur. De plus en plus de Bruxellois n’ont plus de voiture ou limitent leurs voyages en avion. Beaucoup de jeunes femmes ne souhaitent pas avoir d’enfant. Tous ont pour objectif le bien être, le naturel, la nature à proximité, des minitrips près de chez eux, l’envie de découvrir des nouveaux endroits en Belgique et près de nos frontières. Mais la drague, c’est ringard. On parle maintenant de séduction. Rien de tel qu’un rendez-vous face à face pour séduire. Nous avons un nouveau service de love coaching avec une psychologue et nous remarquons un réel souhait de nos membres de mettre toutes les chances de leur côté pour être séduisants. De reprendre confiance en eux et en l’amour. Nous avons rassemblé les demandes de nos clients : ‘ je deviens séduisant ’, ‘ je réussis mon premier rendez-vous ’, ‘ je sors d’une rupture ’, ‘ je booste ma confiance en moi ’…Nous proposons une réduction pour un abonnement de cinq séances de coaching avec notre psychologue. Nous conseillons quelques astuces très simples et ils vont confiants à leur premier rendez-vous, sans pression. Beaucoup reviennent aux valeurs de base, à la simplicité. »

  « Mon mari n’a pas supporté notre huis clos » CÉCILE, 48 ANS, DIVORCÉE DEPUIS SIX MOIS « Le premier confinement a très vite eu raison de notre couple. Pourtant, nous étions mariés depuis dix ans et véhiculions l’image d’un couple modèle auprès de nos proches et de nos familles. C’était sans compter la vie à deux, vingt-quatre heures sur vingt-quatre : le climat est rapidement devenu hypertendu et les conflits étaient permanents. Mon mari, grand sportif, était privé de sa séance quotidienne en salle et a très mal vécu le télétravail, lui qui enchaînait les déjeuners professionnels, les séminaires et autres congrès. Je suis devenue son bouc émissaire, les disputes étaient fréquentes. On a littéralement explosé en quelques mois à peine, qui ont balayé dix ans de relation. Mais nos vies étaient très artificielles : city trips à répétition, surconsommation, grands restaurants… une fois en face-à-face, à huis clos, sans artifices ou possibilités de s’évader, nous ne partagions finalement pas grand-chose. Au sortir du confinement, à ma grande surprise, il a évoqué une ‘ amie ’ qui semblait sortir tout droit de son chapeau. Tout a été très vite, il s’est installé chez elle, m’a dit avoir besoin de sortir de ses murs après cet enfermement et ces privations. Trois mois après, j’ai exigé le divorce. À 48 ans, je pense m’inscrire dans une agence sérieuse, quitte à ce que ça me coûte le prix d’un beau voyage. Tinder et Meetic sont bien trop décevants : de vrais catalogues de profils trop beaux pour être vrais. Du toc. »

 

« Je devenais addict aux applis » DIDIER, 56 ANS, HAUT FONCTIONNAIRE, INSCRIT DANS UNE AGENCE DE RENCONTRES DEPUIS NOVEMBRE 2021 « J’ai osé frapper à la porte d’une agence après plusieurs déceptions via des applis de rencontres. Au début, ça m’amusait, ça mettait un peu de piment dans un quotidien devenu fade avec le confinement. J’ai très vite déchanté : les quelques femmes rencontrées ne correspondaient pas à ce qu’elles annonçaient et les critères n’étaient pas suffisamment sélectifs à mon goût : on pouvait rencontrer absolument n’importe qui. Je me suis adressé à une agence pour réussir à trouver une femme issue du même milieu socio-culturel que moi, éduquée, autonome financièrement, ultra-féminine, sportive, bienveillante et portée sur la culture, l’art et l’environnement. La sélection est pointue, le suivi rigoureux. J’ai fait une première rencontre voici deux semaines. J’ignore comment cela évoluera, nous avons prévu de dîner ensemble pour la seconde fois. Tout ce que je sais, c’est qu’elle est exactement mon genre de femme et à des années-lumière de celles qui s’intéressaient à moi sur les applis, et dont j’avais l’impression que mon métier et mon pouvoir d’achat les séduisaient un peu trop rapidement. »

« Les agences pratiquent des prix trop excluants » ISABELLE, 35 ANS, MAMAN CÉLIBATAIRE DEPUIS TROIS ANS « Comme maman en solo, mon pouvoir d’achat n’est pas énorme. D’autant qu’avec la crise sanitaire, j’ai été contrainte de me réorienter et de me contenter d’un mi-temps. J’ai également dû renoncer à mon inscription dans un club de sport et les sorties se font rares. Comment trouver quelqu’un en étant en télétravail et avec aussi peu d’opportunités de rencontres ? Je n’ai pas la possibilité de m’offrir une baby-sitter pour accepter des dîners éventuels. J’ai tenté les applis, j’ai systématiquement été déçue, les hommes n’y cherchent que des aventures ou une relation sexuelle d’un soir. Ou alors, ils se font passer pour libres, alors qu’ils sont en couples, voire pères de famille. Quant aux agences, elles pratiquent des prix excluants : je n’ai pas de quoi payer un mois de salaire minimum pour m’inscrire, sans garantie de résultat en bout de parcours. Trouver l’amour à l’ère de la covid relève du parcours de la combattante, ça change complètement les perspectives amoureuses… »

« Je ne sais où va mon chemin mais je marche mieux quand ma main serre la tienne », Alfred de Musset.    

« Pas question de confier ma vie amoureuse à des professionnels » BERNARD, 51 ANS, SÉPARÉ SUITE AU PREMIER CONFINEMENT « Je suis célibataire depuis la fin juin 2020. La pandémie a fait exploser mon couple, après cinq ans de ce qui ressemblait à un certain bonheur. Ma compagne et moi nous étouffions littéralement, d’autant que nous avions un commerce ensemble et que nous avons dû déposer le bilan : boulot, amour…rien n’a survécu à la covid. Nous avons chacun eu un besoin vital de respirer, dans tous les sens du terme. Depuis quelques mois, mon entourage n’a de cesse de vouloir m’inscrire sur des applis de rencontres ou dans une agence, mais je suis totalement hermétique à la démarche. Payer pour rencontrer une femme me met terriblement mal à l’aise. Pour moi, les rencontres doivent rester le fruit du hasard, une question d’alchimie, de coups de cœur, de phéromones... Aimer sur commande ou sous prétexte qu’un profil me correspond sur base de critères remplis dans un tableau me fait fuir. Pas question de confier ma vie amoureuse à des professionnels de la rencontre, ni à des applis où tout sonne faux et où l’on surjoue un soi qui n’existe pas. L’amour n’est pas une marchandise, on ne le consomme pas comme on irait au magasin choisir ce qui nous plaît. Pour moi, c’est une vision complètement pervertie des rapports humains : je préfère rester célibataire que de m’entourer d’une femme que j’aurais choisie à la manière d’un casting. C’est détestable. »

  « J’ai rencontré l’amour fou grâce à Tinder » LILIA, 31 ANS, EN COUPLE DEPUIS AOÛT 2021 «C’est le hasard complet: en mai dernier, ma meilleure amie m’a inscrite sur Tinder ‘ pour rire ’ car je déprimais sentimentalement, j’étais célibataire depuis deux ans et l’arrivée de la pandémie avait cassé tous mes espoirs de rencontres. Seule dans mon petit studio, confinée, en télétravail, à faire des apéros Zoom le vendredi soir et à passer ma vie sur Netflix les soirs de semaine… cela en devenait risible. Une semaine après mon inscription, je rencontrais Arnaud dans la forêt de Soignes, on avait décidé d’aller promener nos chiens ensemble et de continuer notre conversation de la veille dans le réel. J’ai très vite retrouvé cette impatience qui caractérise cet état second dans lequel on est entre deux rendez-vous, chaque rencontre était une fête. Une promenade qui est rapidement devenue quotidienne et s’est transformée en amour fou. On ne s’est plus quittés, on a pris un appartement à deux à la fin de l’été et depuis, on file le parfait amour ! C’est d’autant plus incroyable que j’ai toujours été contre les applis de rencontres, je trouvais ça pathétique… comme quoi, il ne faut jamais dire jamais ! »  

 « Il n’y a rien de plus précieux en ce monde que le sentiment d’exister pour quelqu’un »,
Victor Hugo

 

TEXTE AURÉLIA DEJOND

 

 

 


  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

x
a2 by Valerie Dax

Marie de Duve